Le principal défi pour les EES est alors de se penser comme opérateur de développement en relation avec cette volonté politique d’autonomisation :
- D’une part, chaque EES inscrit ses activités au sein d’un territoire, ce qui lui donne une responsabilité sociétale en matière d’insertion de ses diplômés, et donc de dispositifs d’accompagnement à l’insertion professionnelle. En matière de programme de recherche-innovation, il s’agit notamment de structurer et de développer des projets apportant des réponses opérationnelles aux besoins socio-économiques et des territoires.
- D’autre part, chaque EES doit repenser son modèle de gouvernance universitaire sur lequel il s’est appuyé depuis plus de 20 ans et qui se caractérisait de la manière suivante : absence d’une veille stratégique ; planification annuelle plutôt que pluriannuelle, faute de prospective pertinente ; savoirs et savoir-faire inadaptés des dirigeants et responsables académiques, scientifiques ainsi qu’administratifs en matière de gouvernance universitaire ; absence d’initiatives gouvernementales et de financement en matière de formation et d’accompagnement à la planification stratégique dans le cadre d’un modèle de gouvernance universitaire rénové.
L’analyse des défis que doivent relever les EES tant au Cambodge qu’au Vietnam ont conduit l’Université d’Hanoï (HANU – P1) et la Direction régionale Asie-Pacifique (AUF-DRAP - P3) de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) à lancer une enquête, en juin 2018, auprès des 7 EES membres de l’AUF depuis plus de 15 ans : Université d’architecture d’Hanoï (UAH – P11), Université des sciences sociales et humaines de l’Université nationale du Vietnam à Ho Chi Minh (USSH – P9), Université d’économie et de droit de l’Université nationale du Vietnam à Ho Chi Minh (UED – P17), Université des Sciences de la Santé du Cambodge (USS – P8), École supérieure de Transport et Communication d’Hanoï (ESTC – P13), Institut polytechnique de l’Université de Danang (IPD – P5), et Institut de Technologie du Cambodge (ITC – P15).
Cette enquête a permis d’identifier des défis communs aux 8 EES cambodgiens et vietnamiens, et donc les axes prioritaires de renforcement de leur gouvernance universitaire à mettre en place dans un contexte d’autonomisation : prendre conscience des mutations et ruptures qui touchent les systèmes universitaires de la région, et particulièrement leur impact sur la gouvernance de chaque EES ; avoir une vision stratégique sur des périodes déterminées, qui engage des décisions et affecte les ressources d’un EES ; articuler visions stratégiques et responsabilité sociétale d’un EES à travers l’impact de ses décisions sur la société et les défis qu’elle doit relever ; repenser un modèle de gouvernance universitaire ouverte englobant les parties prenantes dans une logique participative : acteurs politiques et socio-économiques, mais aussi ceux de la société civile qui se reconnaissent dans cette approche.
Suite à cette enquête, une réunion des 8 EES cambodgiens et vietnamiens a été organisée à Hanoï (14-15 août 2018) en vue de définir en commun l’orientation globale et spécifique du projet, et ainsi de le structurer en axes prioritaires : détermination du degré et des caractéristiques de l’autonomie des EES dans le cadre d’un autodiagnostic à construire ; analyse globale de l’environnement externe et interne de l’organisation des EES ; construction du dispositif de planification stratégique ; définition du plan d’actions pluriannuels dans le cadre de la mise en œuvre des actions prioritaires identifiées ; dispositif transversal visant le renforcement des compétences et l’accompagnement au changement.